Voila un film qui va déranger plus d'un "ecolo" Français plus
soucieux d'antiaméricanisme primaire que d'action.
Une vérité qui dérange est un de ces OVNI dont le cinéma américain nous régale régulièrement. Ce documentaire sur l'impact du réchauffement climatique repose sur un one-man show qu'Al Gore a rodé sur les scènes des plus grandes villes du monde. Avec une seule conviction : la Terre court à sa perte... à moins que chacun — élus, entrepreneurs et citoyens — ne change sa manière de vivre.
Convaincre les hommes de sauver leur planète, l'ex-vice-président des Etats-Unis en a fait une affaire personnelle. Depuis plus de vingt ans, comme l'atteste le climatologue Jean Jouzel, Al Gore fréquente les plus grands chercheurs, à l'affût des études sur les ravages causés à l'environnement par les activités humaines.
Mais c'est en 1999 que le candidat malheureux à l'élection présidentielle transforme son intérêt scientifique en croisade écologique : son fils Paul, alors âgé de six ans, survit à un grave accident de voiture ; plus tard, sa sœur décède d'un cancer du poumon. "Tout a changé pour moi", explique Al Gore dans le film. Il comprend que la vie est fragile et que les hommes ont un devoir de la protéger. "Le réchauffement climatique est moins une question politique qu'une question morale", déclare-t-il.
De la foi, de la voix
Libéré de ses ambitions politiques, Al Gore décide de prêcher la bonne parole à ses concitoyens. En face-à-face. Il met donc sur pied une conférence. Ses amis chercheurs l'aident à bâtir un argumentaire ; Apple, dont il est membre du conseil d'administration, lui permet de l'illustrer en images et en graphiques. Son talent d'orateur et sa foi inébranlable dans le projet font le reste.
D'universités en salles de concert, le politicien parcourt les Etats-Unis puis le monde. L'extraordinaire efficacité de sa prestation retient l'attention de producteurs également engagés dans la protection de l'environnement. Ils n'ont pas de mal à convaincre Gore de faire un film qui lui permettra d'étendre son auditoire.
Apocalypse Now ?
Une Vérité qui dérange montre l'ex-vice-président présenter sa conférence. Une conférence pédagogique et spectaculaire, intelligente et pleine d'humour.
Le spectateur croit en savoir assez sur le réchauffement climatique. Al Gore lui fait prendre la mesure de son ignorance. Il remplace les estimations par des chiffres, transforme les rumeurs en certitudes, affirme, étaye, assène. Avec le calme et la conviction de celui qui sait et qui prouve ce qu'il avance.
On en ressortirait groggy et abattu devant tant d'informations alarmistes. Mais Al Gore n'est pas du genre à évoquer l'apocalypse et à pleurer. L'homme est un optimiste. Il est persuadé que chaque individu peut atténuer l'impact du réchauffement climatique. Par des gestes simples : changer d'ampoules, gonfler correctement ses pneus, éteindre ses appareils électriques, laisser sa voiture au garage... Des estimations montrent qu'avec les moyens dont nous disposons, la catastrophe peut être évitée. Le futur est entre nos mains, là, maintenant.
Al Gore nous en a convaincu.